La pauvreté des jeunesses - Appel à la conscience nationale

Cheikh Melainine Cheikh bounena
Jun 06, 2025Par Cheikh Melainine Cheikh bounena

La pauvreté des jeunesses - Appel à la conscience nationale


Ce texte n'est ni un jugement, ni une attaque. Il est un appel à l'aide. Un cri du cœur adressé à tous ceux qui ont le pouvoir d'agir.

Dans un pays aussi magnifique que la Mauritanie

- riche de ses cultures, de sa diversité et de sa jeunesse (70 % de la population a moins de 35 ans) - il est dramatique de constater

l'aggravation de la pauvreté chez les jeunes.

Cette pauvreté pousse des milliers d'entre eux à l'exil. Non seulement pour fuir l'incertitude de l'avenir, mais souvent aussi pour échapper à un engrenage de dettes, de pression sociale, de désespoir et d'absence de perspective claire.

Pourtant, ces jeunes ne manquent pas d'idées. Ils manquent de soutien, de financement, d'accompagnement. Les mécanismes de financement de projets existent, mais ils sont souvent opaques, inaccessibles, sans communication efficace ni réelle transparence.

Les appels à projets passent inaperçus. La formation professionnelle est peu alignée avec le marché de l'emploi. Il n'y a quasiment pas d'alternance ou de passerelle entre les études et le monde du travail. Et dans notre système judiciaire, pour de simples délits, c'est souvent la prison directe - sans alternative comme les travaux d'intérêt général. Les prisons se remplissent de jeunes que l'on aurait pu sauver avec une orientation, un emploi ou une formation.

Ce tableau n'innocente pas entièrement la jeunesse. Une part d'entre eux manque parfois de rigueur, de discipline ou de motivation. Mais a-t-on, en tant que société, donné à ces jeunes les outils nécessaires pour réussir ?
Où est le plan national d'éducation adapté à notre temps ?

Où est la vision à long terme pour forger une génération capable de relever les défis de demain ? Il est temps d'admettre que nous avons tous failli.

L'État, les élus, les institutions, les familles. Et même ces jeunes qui, parfois, baissent les bras parce qu'ils n'ont plus la force de se battre le ventre vide.

Les banques, quant à elles, bénéficient de garanties publiques ou internationales pour financer des projets à risque réduit. Mais elles réservent ces fonds à leurs cercles restreints :
sociétés personnelles, membres de famille, amis. Sans contrôle de l'État. Sans contrôle du Parlement.

Et pendant ce temps, un jeune qui rêve d'agriculture se voit refuser l'accès à un terrain faute de garanties... et on exige de lui une preuve de capacité financière. Cercle vicieux cruel et absurde.

Le pire ? Dans un pays où la majorité des citoyens a moins de 40 ans, il faut avoir 45 ans pour se porter candidat à la présidence de la République. Ce n'est pas une démocratie, c'est une confiscation. Pourquoi un jeune ne pourrait-il pas aspirer à diriger son pays ?

Moukhtar Ould Daddah a dirigé la Mauritanie avant ses 40 ans.

Hassan Il du Maroc, Kadhafi en Libye, Emmanuel Macron en France, Bassirou Diomaye Faye au Sénégal à 43 ans : tous étaient jeunes. Mais en Mauritanie, on envoie un message clair : « Soyez vieux, sinon taisez-vous ».

Cette injustice touche tous les domaines. Même le logement. Le prix des terrains à Nouakchott est devenu inaccessible, parfois multiplié par dix en seulement quatre ans. La spéculation foncière, non régulée, a exclu toute une génération de l'accès à la propriété. Pourtant, une taxe foncière sur les multi-propriétaires pourrait rééquilibrer ce système injuste.

Et que dire du Parlement ? Une institution censée représenter le peuple, mais dont certains membres ne proposent jamais rien d'utile. Ils parlent, ils crient, ils accusent, mais ils n'écrivent jamais de lois pour protéger, financer, insérer ou réhabiliter notre jeunesse. Ils confondent visibilité et responsabilité.

Si les prières silencieuses du peuple trouvaient écho dans le cours naturel des choses, le Parlement aurait déjà été dissous.

Alors oui, je parle fort. Parce que le silence est complice. Parce qu'un jeune ambitieux en Mauritanie est vu comme un danger. Parce qu'on l'empêche d'émerger, de créer, d'innover. Parce qu'il faut briser cette malédiction.

Je m'adresse à la conscience collective :

regardez autour de vous. Voyez cette jeunesse

psychologiquement épuisée, marginalisée, humiliée. Voyez ces étudiants brillants à qui on demande trois ans d'expérience pour un premier emploi. Voyez ces jeunes entrepreneurs rejetés des marchés publics parce qu'ils n'ont pas d'historique, pas d'attestation de bonne exécution, pas de « piston ».


Cheikh Malainine Ch'bih Cheikh Melainine
Président de l'O.N.G SEMINA et du GCIPM -Groupe des Cadres Intellectuels Patriotes de Mauritanie